Que la fin du monde... Commence !
Ça commence avec un petit bruissement... Puis, plus rien.
L'inconnu gratta quelques accords sur sa guitare.
<<Il était seul.
Sous le ciel dévasté.
Il était seul.
Sous ses pieds, enterrés,
Les cadavres immaculés,
Les centimes que l'on n'a pas déboursé,
Les croyants que l'on a bien débusqué...
Sous ses pieds, enterrés,
Les cadavres encrassés,
Les centimes que l'on sortira jamais,
Les corbeaux qui voulaient bien trop manger...
Sous ses pieds, enterrés...
Sous ses pieds, enterrés.>>
Il gratta une ultime note.
Autour de lui, les murs de la taverne se fissurèrent, les verres se brisèrent, les tables s'effondrèrent.
Il rejoua exactement la même note.
Le plafond tomba sur lui, au ralenti, et au milieu des pierres et des morceaux de bois qui s'entrechoquaient, il maintenait la corde à son niveau de tension le plus extrême.
Lorsque tout ne fut plus que débris, et que n'importe quel témoin, en y eut-il un, aurait pensé que l'Inconnu était mort sur le coup.
Mais, surgissant des décombres, une main dans la poche, l'autre sur le manche de sa guitare qu'il avait posée sur son épaule, le chapeau toujours profondément enfoncé sur la tête et l'air moqueur capable de faire sortir n'importe qui de ses gonds, l'Inconnu semblait encore au meilleur de sa forme.
Il était temps de rejoindre le monde, pour en relater les derniers instants.