Il faisait sombre... Sa torche était presque consumée. Il avait été séparé de Laly. A présent, il était seul.
Gérard sembla paniqué, et, tandis qu'un rat qui lui arrivait presque aux genoux le poursuivait, il arriva à une intersection et s'arrêta net. A droite ou à gauche ? Il ne semblait pas savoir. Il choisit de tourner à droite après avoir un peu trop longtemps considéré ce couloir. C'est alors que quelque chose d'étrange se produisit. Alors qu'il posa (peut être consciemment ?) son pied sur la première dalle du couloir de droite, le rat s'arrêta net. Gérard s'immobilisa, le considéra un temps.
<<Dois-je encore le manger ? Non... J'ai peur. J'ai peur. Au secours !!!>>
Le rat détala avec un couinement sinistre. Gérard le regarda partir un long moment, avant de s'enfoncer dans les ténèbres. Sa torche lui brûla la main. Il la lâcha. Aussitôt, la lumière s'évanouit. Il haleta, apparemment essoufflé. Il chercha à s'appuyer contre le mur mais... Il n'y avait plus de mur. Il s'effondra lourdement (et pourtant le mur était encore là avant que la lumière ne disparaisse) sur le sol, se releva, et se rendit compte qu'il avait la tête à l'envers.
<<Quel drôle de rêve...>>
Il marcha sur le plafond et avança, en vérité, le chemin était en spirale, mais il n'y avait plus vraiment de gravité. Il marcha longtemps avant d'arriver devant une porte. Il leva la main, hésita, effleura la serrure avec un doigt, et la porte s'ouvrit.
L'intéressé se réveilla et se retourna, semblant surpris que quelqu'un adresse la personne à une fille étrange et à un individu de sexe indéterminé, d'apparence indéterminée, portant juste une énorme capuche sur le visage, et un long manteau qui ne laissait rien transparaître de sa peau. Il pouvait être n'importe qui. Le visage de l'homme à la capuche était perdu dans les ténèbres. Il réfléchit, chercha le regard de son amie, mais étant donné qu'elle ne pouvait pas voir le sien, il se retourna avant de soupirer. Il y avait cinq livres sur sa table. Trois d'entre eux étaient ouverts à des pages diverses. Deux bougies brûlaient assez fort à côté ou tout du moins, elles éclairaient suffisamment bien, ou bien était-ce la lueur du crépuscule ? Le temps avait passé depuis leur excursion dans la salle privée. Ils avaient, semblait-il, accompli d'étranges prodiges dans ces catacombes. Et ils avaient récupéré ces quelques livres, entre autres.
Gérard soupira, d'un soupir lassé qui se transforma en bâillement de manière incongrue. Il se comportait de manière grossière mais d'une certaine façon, ça ne lui allait pas trop, comme en témoignait son langage un peu trop raffiné pour une brute épaisse :
<<Je vous salue, jeune aventurier venu de la forêt. Je suis sincèrement désolé d'avoir pu vous troubler en dormant durant l'exposé de votre récit, mais il se trouve que j'ai un peu de sommeil à récupérer.>>
Il rangea son amas de notes (apparemment, il travaillait sur quelque chose via les livres), referma un des livres (dont quelques pages avaient été arrachées, à la fin notamment), désignant la couverture du Livre des Chroniques Ancestrales du Chevalier Perdu.
<<Voilà déjà plusieurs heures que j'essaye de traduire en vain ce livre. Tous ces autres ouvrages sont des livres de traduction interdits, c'est pourquoi il serait de bon aloi de ne pas le faire signifier à la dame bibliothécaire. Peut-être pourriez-vous m'assister dan... Oh, toutes mes excuses, je ne me suis pas encore présenté. Mais qu'ai-je donc bien pu faire de mes manières...? Mon nom est... Gérard.>>
Il se leva pour s'incliner de manière élégante quoiqu'un peu grossière, ponctuée d'un long bâillement. Gérard se rassit, tira une chaise pour ce qui semblait être son inviter, avant de sortir une tasse d'on-ne-sait-où, de la poser devant et de s'emparer d'une théière malicieusement dissimulée derrière un livre.
<<Alors, désirez-vous un peu de thé ?>>