Etudes supérieures à la Grande Bibliothèque.

L'homme encapuchonné se tenait au centre des rayons. Assez loin devant, il y'avait un autre homme, qui le toisait intensément. Il semblait prêt au combat et avait la main sur la garde de son épée. Mais l'homme à la capuche ne s'en souciait guère, il avait plutôt envie de feuilleter dans les rayons. Puis, l'homme à l'épée sortit cette même épée et engagea le débat.

<<Toi, tu es... Olbap ! Tu as tué mes parents ! Tu as massacré sans vergogne tous les habitants de la cité, et tu as construit un règne de terreur ! Tu as même tué ma petite amie, Fannychou la droguée, et son frère, Lioty le brave !
-Je ne vois pas de quoi vous voulez bien parler...
-Mais l'heure de payer tes crimes est arrivé, Olbap ! Je vais te tuer et ramener la paix sur le monde, puis je vais retourner avec mes précieux nakamas ! Souviens-toi de mon nom, je m'appelle Aurel le merveilleux dark à l'épée !
-Est-ce qu'il m'écoute, ou...?>>

L'homme à l'épée fonça et donna un coup rageur vertical, qui fendit les rayons comme du beurre et fit voler les livres, mais "Olbap" avait esquivé habilement.

<<Haha, je savais bien que ce ne serait pas aussi facile, mais prépare toi, le combat ne fait que commencer ! J'utilise la magie spéciale de la foudre ! Contre moi, tu ne peux rien ! *Un petit éclair jaillit d'un de ses doigts pour venir effleurer la joue de l'encapuchonné*
-Je vous l'ai dit, je n'ai rien avoir avec ce prétendu Olbap !
-Pour le bien de tous mes amis, et pour l'avenir du monde... Pour que les cieux soient à nouveau bleus et pour que des oiseaux aient toujours le droit de... Hein ? Mais... MAIS... QU'EST CE QUE C'EST QUE ÇA ? AAAAAAAAAAAAAH !!!>>

Pendant le discours d'Aurel le merveilleux dark à l'épée, le sol s'était mis à trembler tandis que l'homme à la capuche lisait à voix haute les pages du livre qu'il avait pris des rayons avant d'esquiver. Plus qu'un tremblement, la terre était agitée comme la surface de l'eau après qu'une baleine ait plongé dedans. Pour finir, toute la bibliothèque explosa, et bientôt, Aurel se retrouva dans l'espace, dans le noir, au milieu des étoiles, propulsé à une vitesse inimaginable. Puis il fut stoppé et entravé par des liens macabres et solides. Des bandes noires l'entouraient et l'enserraient tandis que, sorti de nulle part, une fissure zébra le ciel d'une longue striure grise, et d'énormes griffes en sortirent, avant d'agrandir l'ouverture.

Deux yeux rouges et une énorme tête, des pattes énormes, des dents abominables, c'était un monstre effroyable, une créature que l'on ne pouvait même pas imaginer dans ses rêves les plus fous (quoique...). Il poussa un rugissement terrorisant, sa puissance semblait colossale, démesurée, sans doute l'entité la plus puissante de tout l'univers, elle faisait des dizaines de fois la taille d'Aurel lui même (avec ses 1m50...), et encore, le reste de son corps semblait être resté en arrière, comme coincé dans une autre dimension. L'homme à l'épée voulait s'enfuir mais il était retenu par les liens sortis de nulle part, puis, une énorme croix noire apparut dans le ciel, entourée de têtes de morts macabres qui semblaient lui sourire. Il cria, hurla, il lui sembla que son coeur allait se rompre... Se rompre... Se rompre...

Gérard se réveilla en sursaut. Un filet de bave coulait de sa bouche. Il s'était endormi en lisant une BD à la bibliothèque. Il soupira avant de refermer le livre et de soupirer encore. Il alla le reposer à côté des autres volumes de la série de contes de fée (Fairy Tale).

<<Bon... Reprenons nos recherches...>>

Cela devait bien faire deux heures que la jeune fille errait dans le coin. Elle s'était mit en tête de retrouver le bonhomme qu'elle avait sauvé et qui avait mystérieusement disparu. Après une bonne heure de recherche dans la ville, elle s'était dirigée vers des endroits plus calmes et moins peuplés. Son flair la mena vers la grande bibliothèque, un endroit où elle n'avait jamais mit les pieds. Elle resta sur le pas de la porte, penchée légèrement en avant, les yeux clos. Elle huma l'air ambiant. De multiples odeurs entraient puis ressortaient de ses narines, l'une d'elles lui donna le sourire. Il était là. Elle entra à pas de loup, évitant de se faire remarquer: la gavroche vissée sur le haut de son crâne était mal perçue par les humains dans un lieux comme celui là.

Elle se faufila entre les grandes rangées de livres. Les livres sentaient poussières et empoisonnaient l'air. Les autres odeurs étaient difficilement détectables. Laly éternua à deux reprises, ces plans pour éviter de se faire repérer étaient presque nulles à présent. Elle renifla à nouveau et, s’efforçant de se remémorer l'odeur corporelle de sa victime, l'image de la flaque de sang qu'il avait laissé sur le sol de la taverne lui traversa l'esprit. Elle traversa encore plusieurs rayons, évitant soigneusement les quelques personnes qui y traînaient mollement, et aperçu enfin l'homme encapuchonné qu'elle recherchait. Il semblait tripoter une BD fantastique et lui tournait le dos. Laly afficha un sourire triomphant tout en s’avançant d'un pas vif vers le garçon. Elle dégaina son couteau et le plaça contre les côtes du bonhomme, plaquant son autre main contre sa bouche afin d'étouffer les cris qui pourraient en sortir. Elle l'obligea alors à marcher en direction d'une porte affichant PRIVÉ. Poussant la porte, elle jeta le garçon par terre, le temps de fermer la porte à clé. Puis elle s'accroupi à côté de lui et lui lança un sourire rayonnant.

"Bonjour !"

Gérard s'était affalé par terre. Il se releva rapidement, puis esquiva un coup de couteau qui lui aurait fatal s'il ne l'avait pas esquivé. Il attrapa trois sabres qui trainaient dans le local, c'était un genre de remise où on entreposait des choses diverses et variées. Il les dégaina tous les trois et en prit un dans chaque main et un dans la bouche. Il se mit en position de combat et cria :

<<Santoryu... Enbima Yonezu Oni Giri ! Nuit sans sommeil, la passe du démon !>>

Il était tellement concentré sur son attaque que l'air semblait vibrer autour de lui. Puis, il fonça sur son adversaire et asséna trois coups en même temps, avec chacun de ses sabres. Mais son ennemi(e) avait esquivé habilement le coup, et Gérard se retourna précipitamment.

<<Viens te battre comme un homme si tu l'oses, Musashi !>>

Puis Gérard se réveilla.

<<Hmmm ? On est déjà le matin ?>>

Le garçon ne semblait pas être en phase avec la réalité. Il resta au sol quelques minutes, se demandant si c'était le matin. Laly eut un temps de réaction assez long, elle avait du mal à comprendre pourquoi il venait de dire cela. L'espace d'un instant, elle fronça les sourcils, puis se gratta la nuque.

"Hummm.."

Laly eut un rictus étrange. Elle décida de retenter encore une fois le dialogue. Cette fois-ci en agitant la main devant ce qui devait être la figure du jeune homme.

"Bonjour!"

Gérard regarda discrètement autour de lui. C'était une salle privée tout ce qu'il y'a de plus banale, assez spacieuse tout de même, avec des étagères sur lesquelles étaient rangés des ouvrages qui n'étaient pas accessibles au public. Il y'avait une table, une chaise, quelques documents. La porte était verrouillée, et la fille lui agitait sa main devant les yeux.

<<Bonjour,>> répondit-il avant de se lever et de marcher vers les livres et d'en parcourir les titres, d'un air soucieux.

Son regard s'arrêta sur plusieurs volumes qu'il semblait connaître, mais il continua sa route, les caressant du doigt.

<<Vous êtes la jeune fille que j'ai rencontré à la taverne. Eulalie. Vous êtes sans doute venue me retrouver pour être sûre que je ne dénoncerai pas au peuple votre statut particulier qui vous vaut d'être traquée et chassée comme une vulgaire bête par les êtres humains. J'étais déjà parti lorsque qu'Owein et vous aviez eu cette discussion.>>

Il s'arrêta devant un livre, sembla comprendre quelque chose et continua ses recherches.

<<Je suis occupé. Si vous avez eu tout ce que vous vouliez, alors sortez et laissez-moi ici.>>

Le sourire rayonnant se transforma en une forme de surprise. La stupeur avait pris, l'espace d'un instant, le dessus sur le sourire angélique, et Laly fronça les sourcils. Décidément, ce garçon n'avait rien avoir avec ses anciennes victimes. Elle se mit débout. S'approchant doucement du garçon, le couteau toujours dans sa main, tenu fermement par sa petite main délicate. Elle flaira cette odeur de sang toujours présente sur les habits du garçon. Cette odeur qui ne lui était pas inconnu, et qui la faisait saliver. Quand elle parla, ses yeux étaient rivés sur son bras, à l'endroit qui avait accueillit une lame tranchante, et duquel c'était échappé beaucoup de ce délicieux liquide rouge.

"Voilà une chose de réglée. Mais je souhaiterais m'assurer que mon véritable statut ne sera révélé."

Gérard sembla se renfrogner. La tension semblait monter dans l'air. Il n'avait visiblement pas envie d'entretenir de conflit, ni même de conversation, dans une ville, et encore moins dans une bibliothèque. Il improvisa donc.

Il enleva son gant droit tout en faisant bien attention à ne pas révéler le moindre bout de peau à son interlocutrice, puis posa son index sur le haut de la reliure d'un vieux grimoire qui semblait étonnamment simple. Il en caressa longuement la reliure d'un air soucieux. Apparemment, il ignorait qu'il était menacé. Tout en lui était mystérieux. Il pourrait bien être n'importe qui.

Il tira le livre à lui, l'ouvrit au hasard, parcourut un doigt invisible sur les caractères, un million de questions semblaient tourner dans sa tête.

<<A quoi cela sert-il...>>

Il ne faisait plus aucun mouvement. Seulement un oeil vraiment expert aurait peut être remarqué qu'il tremblait. Il inspira de nouveau, son inspiration était étrange, comme s'il sanglotait.

<<Qu'est ce que je dois faire pour vous prouver que je ne dirai rien ? Dites-le maintenant, que l'on en finisse une bonne fois pour toutes.>>

Il referma le livre d'un coup sec, le replaça à son endroit initial et remit son gant. Son gant lui allait comme un gant, d'ailleurs. Son manteau et sa capuche lui donnaient un air sinistre. On ne voyait plus le moindre bout de son corps à présent. Il avait la tête tournée vers le sol. Il semblait triste, abattu, comme s'il savait que toute tentative de résistance se conclurait de toute façon par un échec. Ou bien c'était autre chose.

Il attendait vainement quelqu'un, quelque chose. Il attendait surtout une réponse. Une réponse à la question qu'il venait de poser.

Tout était étrange dans la pièce, à présent. Comme si elle fluctuait. Les étagères semblaient bouger. N'importe qui aurait été surpris de cette tension et de cette tristesse, toutes deux presque palpables.

Durant sa traque du bonhomme encapuchonné, Laly avait imaginé de multiples réactions de la part d'un personnage aussi étrange. Elle avait prévu presque toutes les possibilités, des plus incongrues jusqu'aux plus sinistres. Elle fut déçue de constater que le bonhomme puisse avoir une réaction aussi banale, tellement décida de rester sur ses gardes. Il se pouvait, en effet, que ce soir un des meilleurs acteurs du monde, car elle percevait même les mains de sa victimes trembler légèrement. Sa respiration était accompagnée de petits tressaillements semblables aux soupires que poussent les enfants quand ils pleurent. Laly ne pu empêcher un sourire de s'étaler sur son visage.
Le mystérieux personnage trifouillait dans les étagères, la jeune fille garda ses distances tout en examinant ses moindres gestes. S'adossant contre un mur, les bras croisés, elle eut un long soupire.

"Ce que je veux ? Simplement une preuve. Quelque chose qui pourra certifier ma sécurité."

Elle haussa les épaules et reprenant appuis sur ses jambes. Fit mine de réfléchir intensément. Elle laissa échapper un petit "Oh" d'exclamation, signe qu'elle venait d'avoir une idée. Elle avança de quelques pas vers la garçon, tentant en même temps de croiser son regard sans vraiment de réussite.

"Pourquoi pas ton visage ?"

Laly était quelqu'un de curieux, et une fois de plus la curiosité l'avait emporté. Elle prenait certainement des risques, mais ces élans étaient trop puissants pour qu'elle puisse y résister. Cet homme n'avait pas encore montré son visage, il avait donc quelque chose à cacher...

Gérard semblait être dans une situation compliquée. Il ne faisait aucun doute que la fille ne le laisserait pas sortir, quant à forcer le passage, cela semblait bien trop risqué, elle ne ferait qu'une seule bouchée de lui. Sans compter son animal de compagnie qui ne devait pas être bien loin. Enfin, c'est ainsi que les choses semblaient se présenter, car Gérard pourrait bien être n'importe qui.

N'importe qui...

Il parut lutter contre lui même, comme s'il était un criminel recherché, ou bien pire (ou bien mieux, comment savoir). Il hésita, hésita, hésita, lut encore quelques pages de son livre, semblait tenter de gagner du temps, quand soudain il eut une illumination et se retourna vers elle. On aurait dit qu'il la regardait, mais c'était assez difficile à remarquer vu qu'il avait une énorme capuche devant l'endroit qui était censé être ses yeux. Il s'avança et prit un ton dramatique :

<<... La vérité c'est que... Mes... Mes parents sont... *sob* il y'a eu un terrible incendie... Il y'a deux ans... Mes deux parents sont morts dans la maison, et... Moi même je... *sob* je suis défiguré ! Méconnaissable. Vous ne pouvez pas imaginer à quel point c'est douloureux de vivre sans se regarder une seule fois dans un miroir, car on y voit l'horreur incarnée, je suis un véritable monstre, vous comprenez ! Tout mon corps est décomposé, ma chair est carbonisée, je ne suis qu'un horrible cadavre mobile... Je porte ces vêtements pour moi-même également... Et... Il y'a autre chose.>>

Il prit une grande inspiration. Son ton se fit plus bafouillant, peut être.

Il se mit à genoux et prit la main d'Eulalie.

<<Je vous aime, Eulalie ! Dès le premier regard, j'ai su que vous étiez la femme de ma vie, vous et personne d'autre, vous êtes belle, mignonne, gentille, généreuse et intrépide, vous êtes absolument admirable ! Je veux m'unir à vous, mon corps s'affaisse à chaque fois que je vous vois, mon âme se trouble à chaque regard échangé, mon coeur s'effondre à l'idée d'être loin de vous. Mais je ne suis pas encore prêt à affronter le regard que vous porterez sur mon affreux visage. Je ne suis qu'un fantôme, Eulalie. Un fantôme destiné à errer éternellement dans la solitude. Il nous faut du temps à tous les deux, comprenez-vous ?>>

Il se redressa, prit l'autre main d'Eulalie et se colla à elle comme les amoureux le font.

<<Je sais que vous êtes également amoureuse de moi, hélas je ne suis pas encore prêt à vous montrer ma véritable apparence. Mais l'amour unit d'abord nos âmes, dit-on, pourquoi ne pas laisser du temps passer dans notre relation ? Un jour, peut être, je vous révèlerai ma chair meurtrie, et vous pourrez être dégoutée, répugnée, mais je ne veux point affronter votre regard... Voilà, vous savez tout, à présent.>>

Il se retira doucement, laissant d'un geste habile une rose jaune dans les cheveux roses de son amour fugace, instant de vérité...

L'étrange personnage semblait désespéré.Il avait certainement compris qu'il n'allait pas s'en sortir indemne. Et pourtant la jeune fille restait sur ses gardes, elle savait qu'un seul faux pas pourrait la conduire à l'échec critique. Ce garçon n'avait pas encore eut l'occasion de montrer ce dont il était capable, et il était bon de se méfier un peu de lui.

Laly ne savait plus quoi penser, cet être en face de lui semblait si énigmatique. Elle soupira: déstabilisant, vraiment. Il parla sur un ton qui paraissait à la fois sincère et complètement surjoué. Il rappela à Laly les spectacles de rue qu'elle avait parfois croisé, les acteurs comiques prenaient régulièrement un ton similaire.
Ses parents étaient morts dans un incendie. Elle souffla. Elle aurait bien aimé avoir des parents. Il lui annonça qu'il ne pouvait se montrer son visage. La fillette soupira, malgré sa naïveté, elle ne pouvait se résoudre à croire le baragouinage du garçon, qui ne semblait vouloir en aucun cas se découvrir, tentant le tout pour l'éviter.
La suite permit à Laly de vérifier son hypothèse. Il se jeta à ses genoux et lui attrapa la main. S'ensuivit une déclaration d'amour enflammée, qui réussit à empourprer les joues de la gamine. C'était bien la première fois que quelqu'un manifestait autant d'affection pour elle. Sa bouche prit vite la forme d'un O, elle oublia l'espace d'un instant ses théories, son esprit se vida entièrement de toutes pensées, se concentrant sur le seul contact qu'elle avait avec ce garçon. Elle sentait l’afflux régulier de sang dans la main de cet inconnu qui refusait toujours de se démasquer. Le sang, cette image lui revint encore en mémoire, sa bouche s'ouvrit légèrement. "...ne suis qu'un fantôme, Eulalie. Un fantôme destiné à errer éternellement dans la solitude..."

Elle fronça les sourcils. Il se redressa. Avait-il tenté d’éclipser habilement sa réclamation grâce à cette déclaration ? Elle eut un hoquet de surprise quand il s'approcha, trop près. Elle le laissa parler, fermant les yeux. Laly était perdue, fallait-il croire ces déclarations un peu extravagante ? Ou lui décoller la mâchoire pour tout les mensonges qu'il avait débité ? Un vague souvenir remonta des profondeurs. "Arrête !" Son petit corps chétif vole dans la pièce avant de s'écraser contre un mur. Les yeux mi-clos elle glisse jusqu'au sol, regardant droit devant. L'homme tient encore son bâton. "Tu n'es pas humaine." Il frappe. "Tu n'as pas le droit !" Il frappe.
Le garçon recula de quelques pas, laissant au passage une fleur dans ses cheveux. Elle attrapa sa main au vol, la regarda un instant. Sang. Sang. Sang...

"Mais ?"

Elle s'accrochait à cette main. Fixant ce qui devait être les yeux du garçon. Une moue frustrée apparue sur le visage de Laly, et ses yeux se remplirent de larmes.

"Comment vais-je faire pour te reconnaître ? Tu vas encore disparaître ?"

Elle enleva sa gavroche, qui jusqu'ici était visée sur le haut de sa tête, dévoilant deux oreilles duvetées. Puis elle se jeta dans la bras du garçon.

"Reste ! Je t'en prie !"

La scène avait dangereusement tourné à l'eau de rose. Les pétales de cerisier semblaient tournoyer autour d'eux. Gérard se sentait extrêmement gêné, mais il était tellement gêné qu'il en oublia un moment sa véritable motivation et prit dans ses bras la jeune fille, la serrant fort contre lui, ce qui dut certainement lui faire l'effet d'une sévère décharge électrique à en juger par le hoquet qui s'échappa de ses lèvres. Il balbutia avant de se taire et de rester simplement avec elle, oui, tout simplement. Il finit par en perdre tous ses mots, et s'immobilisa. Il sentait les sanglots de la fille secouer son petit corps frêle, il sentait sa respiration entrecoupée, il sentait son parfum tellement leurs corps étaient proches, il voyait sans voir réellement voir, il voyait avec son corps tout entier. Il en oublia qu'il jouait un rôle. Les mots s'échappèrent d'eux-mêmes.

<<C'est la première fois que j'ai un tel contact avec une personne...>>

Aussitôt, la magie de l'instant sembla s'évanouir et le contact se rompit. Il sortit néanmoins un mouchoir de sa poche afin d'essuyer les larmes de la jeune fille. Il tremblait nerveusement, sans même s'en rendre compte, semblait-il. Il avait l'aura de quelqu'un qui rêvait d'une tasse de thé bien chaud, enroulé dans une couverture, affalé sur un fauteuil près du feu, le chat sur les genoux, à côté de sa mémé qui tricote. Que pouvait-il bien penser, à présent ? Il soupira avant d'ajouter :

<<Oui, vous m'avez bien entendu, c'est la première fois de toute ma vie que je touche autant un être vivant...>>

Il s'effondra sur le mur, abattu. Quelques instants passèrent, puis il s'anima, il reprit son air d'amoureux transi, profondément mélodramatique, et la prit par les épaules :

<<Je vais devoir partir, Eulalie. C'est le seul moyen. Mais... Mais vous pourriez m'accompagner ! Voyageons ensemble ! Ne nous quittons plus jamais ! Nous vivrons l'un et l'autre ensemble, rien que nous deux... Non... C'est impossible. Quand bien même vous voudriez, j'ai quelque chose à accomplir. Un long périple m'attend, il est dangereux et me conduira certainement à ma mort. Nous ne pouvons pas rester ensemble, Eulalie. Ce serait vous perdre également, et je refuse que vous vous sacrifiiez pour quelque chose d'aussi stupide. Mais nous nous reverrons. J'en suis sûr. Je mettrai tout en oeuvre pour vous revoir. Oui, nous nous reverrons. Attendez...>>

Il fouilla dans les rayons et prit un grimoire au hasard (sembla-t-il). Il l'ouvrit à une page précise et lut. Il le referma, et fouilla dans son manteau. Il en tira un petit paquet.

<<Gardez toujours cela sur vous. Si vous voulez me retrouver, concentrez vous fort sur moi, vous saurez où je suis, et je saurai également où vous êtes. Magique, n'est-ce pas ? Je vous le donne, mais n'en usez pas. N'en usez jamais, sauf en cas d'extrême nécessité. Faites très attention, et n'ouvrez jamais le paquet non plus. Ça peut paraître bizarre, que je vous le donne comme ça, n'est ce pas... mais...>>

Il semblait très gêné. Il sembla préféra se taire plutôt que de s'enfoncer. Il hocha la tête, se tut, resta immobile.

<<Je veux que vous viviez. C'est tout ce qui m'importe.>>

Gérard lui tourna le dos, horriblement gêné. C'était comme si tous les livres de la petite bibliothèque (au dessus de laquelle était écrit en gros "Interdiction de lire ces livres sauf personnel autorisé") le montraient du doigt en ricanant et en criant bien fort qu'il rougissait.

<<J'ai l'air stupide...>>

Que pouvait-il bien se passer dans sa tête ?

C'était si bon de se sentir aimé, Laly se croyait en plein rêve. Il essuya ses larmes avec délicatesse avant de lui annoncer qu'il devait partir. Elle entendit Eliot grogner au fond d'elle même. Elle se pencha lentement et ramassa sa gavroche qu'elle reposa doucement sur le sommet de sa tête, prenant bien soin de ne laisser dépasser aucun morceau de ses oreilles, puis baissa la tête. La suite des évènement sembla être un excellent tour de magie, mais elle n'en comprit pas vraiment l'objectif.
Le garçon lui tendit un petit paquet qu'il avait sorti de sa poche, elle l'attrapa et le renifla.

"Qu'est-ce que c'est ?"

Était-ce l'instabilité de l'instant ? L'odeur était méconnaissable, elle ne sentait que l'enveloppe de papier épais. Mais rien n'émanait de l'intérieur, aucun parfum particulier. Peut être l'odeur de son possesseur même était absente. Elle resta prostrée, attendant une réponse à sa question, tâtant du bout de l'index le contenu du cadeau.
Il semblait gêné. "Je veux que vous viviez. C'est tout ce qui m'importe." Laly écarquilla les yeux. Elle, erreur de la nature, rebut de la société. Avait enfin prit vie pour quelqu'un. Ses genoux tremblaient.
Eliot grognait, il était tout près. *salopard*

Laly leva les yeux vers le capuchon. Il avait tourné le dos, elle se mit à sourire. *Allons. Tu sais ce qu'il te reste à faire.*
Elle plongea rapidement la main dans sa poche arrière, en sortant le couteau trouvé à l'auberge, s'avança de quelques pas. La flaque de sang. Un sourire carnassier s'afficha sur son visage. Elle leva sa main armée, s’apprêtant à frapper dans la nuque de sa victime. "J'ai l'air stupide..." Elle resta figée. *Bouge !* Eliot aboya.

Laly rangea rapidement son couteau dans sa poche, et baissa la tête.

"Moi aussi..."

Elle tourna autour du garçon avec de petits pas légers, et se posta face à lui. Elle se penchait un peu en avant pour tenter d’apercevoir ses yeux, et lui tendit le paquet.

"Tiens ! Je n'en ai pas besoin. Puisque je viens avec toi. Ma décision est prise, je t'accompagne là où tu dois aller, ça t'évitera de risquer ta vie bêtement, et puis je serais certaine que tu ne divulgues pas mon secret à tord."

Et ce fut sur cette scène que se termina la solitude de "J'ai rare-". Il reprit le paquet des mains de Laly et le rangea dans sa poche. Il semblait penaud mais étrangement amusé. Ce ne fut pas la fin, seulement le début.

Gérard poussa un bâillement à fendre l'âme. Il resta silencieux un moment, apparemment touché par cette déclaration. Sous sa capuche, seulement du noir, une ombre masquant le visage inconnu d'un être tourmenté par la... douleur ? Puis, il reprit la parole.

<<Vous seriez donc prête à accepter de me suivre jusqu'au bout du monde et au delà, n'est-ce pas ? C'est plutôt intéressant. Alors c'est d'accord. Accompagnez-moi jusqu'à l'enfer, si vous y tenez tant. Vous le regretterez en temps voulu, mais puisque votre décision est prise, je ne vais pas vous retenir. Nous commencerons par cela.>>

Monsieur l'encapuchonné tira sur un livre de la bibliothèque. Aussitôt, tout une partie du mur bougea et s'ouvrit comme une porte, révélant un étrange couloir sombre avec des pierres grises teintées de noir. L'impression d'une mort certaine y était omniprésente. Quel genre de danger était-ce donc là ? Une porte dérobée dans une bibliothèque ? Mais où cela pouvait-il bien mener ?

Gérard semblait le savoir. Il s'empara d'une maigre torche qu'il alluma avec une bougie posée sur la table, puis se dirigea vers le passage secret. Le couloir était noir, mais les ténèbres s'écartaient sur son passage, la torche improvisée se révélant bien plus efficace qu'on aurait pu le croire au premier abord. Les murs étaient composés de pierres grossières, un style assez ancien, pourtant la bibliothèque avait été reconstruite entièrement il y a peu, suite à un terrible incendie... Le personnage à la capuche semblait vouloir entraîner son hôte en enfer, mais il emportait avec lui une lumière d'espoir qui saurait dissiper les ténèbres pour le peu qu'elle fut bien utilisée.

<<Permettez-moi de vous introduire à ce lieu. Ce couloir servait autrefois de lieu d'étude pour le personnel privé de la bibliothèque, ils empruntaient ce passage secret pour rejoindre une bibliothèque un peu spéciale qui se trouvait sous terre. Après ce couloir noir, nous parviendrons à un escalier qu'il faudra descendre prudemment, et nous atteindrons pour finir la pièce que je recherche, ainsi que le livre que je veux dérober. Attention aux rats. Et il se peut qu'il y'ait des fantômes, également. Ne les regardez surtout pas. Si malgré tout vous persistez à venir, prenez ma main, demoiselle Eulalie, ce sera plus sûr...>>

Il s'était retourné et avait tendu une main gantée à Laly.

<<Je venais souvent ici quand j'étais jeune. Et vous, où viviez vous, avant ?>>

Yir' suivit et regarda les deux individus. Il rajusta ses lunettes.
Il haussa les épaules et demanda :

"Êtes-Vous le dénommé Gérard..."

Voyant que l'autre relevait la tête. Yir' continua :

"Vous pouvez m'aidez?"

https://www.youtube.com/watch?v=ZHKSrS8vJyI

Pas de réponse. Yir' haussa les épaules. Le lieu était austère. Pas très amical. Le nommé Gérard semblait savoir ou aller. Son amie le suivait .
Yir' longea le mur ... Il attendait la réponse de cet homme tatoué à l'œil.
Sur le Mur il aperçut une fresque ancienne. Elle racontait l'histoire de la Bibliothèque jusqu'à maintenant.
Les Bibliothécaires étaient toujours choisit avec soins. Ils gardaient les secrets du Royaume en leurs Murs.

Au coin de la fresque apparaissait un Papillon. Yir' arrêta son regard sur celui ci. Il dégaina son épée et regarda le manche. Gravé dans un métal inconnu et bleuté, un papillon similaire .
Il suivit de la main l'histoire du papillon. Mais celle ci se stoppait par une frise manquante.

Ryooo(édition) Yir' rengaine son épée. Un petit soupir..et..
C'est alors que...



[so sorry.. mais j'avais envie d'écrire... ^^'.. je sais qu'osef mais mes doigts se sont remis en place..]

Mais bon sang, est ce qu'attendre fait partie de ton vocabulaire ? Arrête de poster des RP égoïstement toutes les cinq minutes sous prétexte que personne ne répond à un RP de 2 lignes à peine, après faut pas se plaindre hein !

Si tu veux écrire des RP, va sur la section flood ou va sur ton propre forum !

Ensuite, d'où tu connais le prénom de Gérard ? Normalement, ce n'est même pas son vrai nom, et lui même ne l'a divulgué que par coïncidence. Pour l'instant tu es en train de tout ruiner avec ton excès d'activité digne d'un gamin prépubère, et encore je suis gentil.

Je vais te le dire une dernière fois. Tes règles s'appliquent sur TON forum, pas sur le mien.

(Par mien, j'entends celui de Cernumos.)

...Mouais pareil que les autres posts...
Sans soucis...
@ Dans trois mois alors..

Citation :

est ce qu'attendre fait partie de ton vocabulaire

...Je préfère pas répondre... ça va dégénérer..
J'ai comprit.. je fait plus rien en attendant un posts de je ne sais qui d'ici là..


Désolé de t'avoir offenser...
Pour si peut.. m'enfin..